Benoît Singy

Benoît Singy

Peintre


Gestuelle
GAMMES MATINALES - AVRIL 23
Ces œuvres représentent pour moi une nouvelle approche du mouvement, basée sur la retenue et la reprise, le mouvement par saccades. À la manière des rythmes et des notes musicales qui se succèdent, mais qui finissent par former harmonie et cohérence. La musique nous affecte et fait naître en nous émotions et sentiments. De la même manière, la peinture nous permet d'échapper à notre quotidien. J'ai aussi repris un de mes thèmes favoris, celui de la schize, qui est ici une fente grattée dans le support même et qui permet de franchir les apparences. 

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Traces
GAMMES MATINALES - MAI 22
C’est en me remémorant mes amis proches disparus au fil du temps, que la série « Gammes Matinales - Mai 22 » s’est imposée tel le carnet de mes notes effacées, perdues dans l’au-delà. Ces œuvres spéculatives soulignent un travail sur la trace, sur la citation en marge, c’est une description tout en glyphes, emportée dans une symphonie silencieuse.

BY THE RIVER
Le bruit d'une rivière, celui d'un ruisseau qui traverse la parcelle et les truites, silencieuses par nature, qui se glissent entre reflets et ombres, le même spectacle dans le bruissement des feuillages à peine perceptible sous le battement des ailes du héron. Percevoir et retranscrire le défilement d'une journée d'été, reconnaissable aux variations de la lumière, qui prennent possession du lieu dès le matin et qui peu à peu perdent le combat contre l'ombre qui va s'étendre jusqu'à la nuit, qui ne vient pas. L'artiste s'est laissé submerger dans les torpeurs des journées torrides de l'été, économisant ses gestes pour n'écrire que l'essentiel. 

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Encres
DE LA GRIFFE ET DE L'ETHER
Patient travail de traçage au tire-ligne et digression personnelle, autour de la possibilité de la conscience, de la naissance du Moi et du processus d'individuation. Comment ce "Je", que j'exprime en une ligne verticale et résolue, peut-il surgir d'une vibration, celle hasardeuse des particules élémentaires ou de mon tracé au Fineliner, que je recherche pourtant le plus régulier possible. Ce « Je » est tendu entre un solide doré, dans lequel il plante sa griffe et le tracé éthérique à l'encre noire. De cette façon, chaque œuvre de cette série peut être vue comme un autoportrait en pied.

L’ARC ET LA MAIN
En calligraphie chinoise, le "Je" est formé de l'assemblage de deux signes, ceux de l'arc et de la main.
Mes digressions se poursuivent sur l'origine de la conscience de soi. Dans l'infiniment petit, il n'y a plus ni matière ni énergie, seule de l'information circule, des cordes en vibration et c'est par mon geste vertical et résolu que s'affirme la conscience, celle que l'observation la main humaine rend évidente et dont la puissance s'exprimera dans la projection au loin une pierre puis une flèche, permettant au regard de se lever sur l'horizon. C'est bien cette puissance devenue monstrueuse de l'espèce humaine, que je tends à rendre dans ces œuvres au format pourtant modeste.

PROJECTION
Digressions personnelles autour des notions de la conscience et du Moi tout au long du patient dessin de circonvolutions que je voudrais le plus régulier possible. Ayant atteint le bas du format, je peux enfin tracer ce « Je » en une ligne verticale résolument tendue entre un solide doré et les ondulations de l'encre noire. Cette conscience, c'est aussi celle que la main rend évidente et qui, en projetant au loin une pierre puis une flèche à l'aide d'un arc, a fait que le regard a pu se lever sur l'horizon. Partant, le Moi en s'affirmant de plus en plus, se détache du monde, il y projette alors une ombre, qui en retour cache une partie de celui-ci. Ainsi, chacune des œuvres de cette série peut être vue comme un portrait en pied. 

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Huiles
IMPROVISATION
Dans cette série, que je poursuis depuis plusieurs années, j'explore le monde de l'improvisation. Je commence par étaler une épaisse couche de peinture à l'huile sur toute la surface de la toile, principalement monochrome. Ensuite, je travaille cette masse à l'aide d'une fine spatule en me laissant porter par les rythmes et les ambiances de musiques que je choisis préalablement. Ce travail nécessite une présence totale, qui permet de réagir aux impulsions de la matière, du corps et de la musique. Il s'agit pour moi de rester ouvert et réactif au surgissement de l'inattendu, pendant toute la durée de l'acte créatif. Certaines des œuvres de la série ont été réalisées sur scène, face à un public, dans un duo d'improvisation avec un pianiste formé au Jazz.

PALIMPSESTES 
Le travail de cette série nommée « Palimpsestes » repose sur le questionnement des éléments d’une œuvre cachée par d’autres. Chaque œuvre correspond à une énigme qui se dévoile en se libérant de nos propres paradigmes. Sur la toile, j'ai déposé d'abord un arrière-monde, une suite que je n'avais pas résolue, volontairement. Comme tout arrière-monde, subconscient immergé, il disparaît derrière l'écran du réel. Ne surgissent plus que quelques traces, l'ébauche d'un récit. Le réel, c'est cette couche de peinture, étalée puis creusée, griffée, malmenée par mes pulsions du moment ; on ne pourra jamais y revenir, car cette impermanence est sensible aux vibrations de la lumière. À la toute fin je trace la schize, un thème qui m'est cher, cette raclure au travers de toute l'épaisseur du palimpseste, un miroir qui permet de franchir l'apparence des choses et de remonter peut-être le temps jusqu'à cet arrière-monde disparu à jamais. Ainsi le tableau se redouble de lui-même.

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